14-18NEXANSJOURNAL SUITE

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L'Union les Ex-Nexans aux prud'hommes

Nexans ne reconnaît pas le risque amiante

    Article paru dans L'Union du vendredi 16 novembre 2012.

L'avocat de Nexans (à gauche) ne reconnaît le préjudice d'anxiété lié à une exposition aux produits cancérigènes : l'amiante, le benzène, la silice. À droite : l'ancien directeur du site Jean Federspiel.

L'avocat de Nexans (à gauche) ne reconnaît le préjudice d'anxiété lié à une exposition aux produits cancérigènes : l'amiante, le benzène, la silice. À droite : l'ancien directeur du site Jean Federspiel.


CHAUNY - La justice prend son temps. Nexans a fermé deux usines en 2009 à Chauny, mettant à la porte 220 personnes. Les Prud'hommes statueront le 13 février 2013.

L'avocat des 87 ex-salariés de Nexans en procédure aux Prud'hommes de Laon, le très médiatique Me Philippe Brun, a dû réitérer sa plaidoirie de février 2012, mercredi matin, devant le juge départiteur Peggy Heinrich, au même titre que son confrère Denis Pelletier, intervenant pour la défense de Nexans France (2 900 salariés sur le territoire national), pour obtenir une première décision de justice, fixée au 13 février 2013.
Le groupe Nexans est un opérateur mondial sur le marché du câble communication, il possède des usines sur les cinq continents. C'est pourquoi 87 salariés licenciés en février 2010 de la tréfilerie et de la société de coulée continue de cuivre de Chauny réclament des dommages et intérêts, une « juste réparation » au titre de la perte de leur emploi et du préjudice d'anxiété lié « à une exposition à l'amiante et autres produits cancérigènes, tels que le benzène et la silice ».

« Zéro reclassement »

Pour Me Brun, Nexans n'a pas rempli ses obligations légales et conventionnelles en matière de reclassement interne et externe des 220 salariés chaunois licenciés. La prime légale et la supra-légale de 65 000 € liées au plan social (Plan de sauvegarde de l'emploi) ne sont pas extraordinaires, et, elles ne « remplaceront jamais un emploi perdu ». « Nexans aurait pu consacrer la même somme d'argent à un reclassement interne, il y avait 106 postes disponibles, 76 en France et 30 à l'étranger, mais la recherche n'a pas été faite » a observé Me Brun. Idem pour les reclassements externes, « notamment au niveau des obligations conventionnelles, il y avait certainement des profils à soumettre à l'époque dans les usines métallurgiques de l'Aisne, avec qui Nexans avait un accord. »
Me Brun demande une indemnisation pour la perte d'emploi, puisque la réintégration est impossible (le site chaunois est fermé), comme pour l'anxiété « qui n'est pas éventuelle, comme le plaidera son confrère, mais bien réelle, avec des certificats d'exposition à l'appui, des personnes malades et un salarié décédé. »

« Anxiété irrecevable »

Me Pelletier a fait son compte de son côté : les salariés licenciés ont été « bien indemnisés, environ six ans de salaires, accompagnés dans leur recherche d'emploi, notamment par les cellules mises en place et les formations payées, il reste toutefois 19 personnes en situation de CDD ou temporaire et 20 sans solution immédiate ». Il a demandé l'irrecevabilité concernant le préjudice d'anxiété qui n'est pas recevable dans le droit français et qui n'a pas lieu d'être à Chauny, car les salariés « étaient suivis par la médecine du travail et l'amiante n'était pas utilisée comme matière première. Elle n'était pas en décomposition, volatile… »
Deux affirmations qui ont fait réagir la salle : « si nous avions de l'emploi, nous ne serions pas-là aujourd'hui, nous n'avons pas touché six ans de salaire, il est fou cet avocat ! Quant à l'amiante, il n'a jamais vu un four de sa vie et il ne sait pas ce que c'est d'entretenir, démonter un four, de remplacer des briques de silice ou de faire des opérations de maintenance. Notamment avant 2003-2005, quand ces opérations n'étaient pas très encadrées par l'appui de services étatiques… Oui, c'est un scandale de santé publique. »

« Chauny compétitif »

D'autres auraient bien aimé que l'on parle des « 25 millions d'euros de provision de la SCCC qui ont été effacés des comptes quelques mois avant la fermeture, certainement au profit de l'usine de Lens, qui était dans le rouge, contrairement à Chauny, qui a toujours sorti des bilans positifs malgré la crise. La perte de compétitivité, c'était pas nous. On a morflé pour les autres ».

Pascal BROCHETON


16/11/2012
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