Article du journal L'Union Publié le lundi 19 septembre 2011  

Samedi matin, ils étaient quelques-uns à avoir voulu se retrouver pour ce jour « anniversaire ».

DEUX ans après, ils se souviennent. Si certains ont préféré ne pas venir pour peut-être ne pas remuer le couteau dans la plaie, samedi, ils étaient une dizaine d'anciens de chez Nexans, place de l'Hôtel-de-Ville.
Un moment qui a permis à ceux qui étaient là de se remémorer les heures de combat pour partir dignement. L'instigateur de ce mouvement était Didier Mahu, qui tient, avec un ancien collègue, un blog de souvenir.
Il s'est dit déçu du peu de mobilisation tout en relativisant les choses : « Cela tombe mal puisqu'il y a deux jours, nous étions une bonne partie réunie à Laon pour l'audience des Prud'hommes. Nous étions 130 si je ne me trompe. »
Didier et ses collègues se sont fait une raison tout en sachant bien que les rancœurs sont toujours vives : « Même si certains ne sont pas venus, au fond d'eux-mêmes, comme à moi, il reste et restera toujours un manque. ».
Samedi, c'était en plus la date de l'annonce de la fermeture, jour pour jour. La nouvelle était tombée le jeudi 18 septembre 2009. Le 23 décembre, l'usine fermait ses portes et 220 personnes se retrouvaient dehors.
Certains ont bénéficié de mesures d'accompagnement durant deux ans et n'ont été officiellement licenciés qu'en juin dernier.
Tourner la page
Aujourd'hui, ils sont quelques-uns à avoir tourné la page sans pour autant oublier ce qui s'est passé durant ces mois de lutte. « Il y en a qui se sont peut-être dit qu'il n'y aurait personne et, de ce fait, il y a peu de monde présent », ajoute Didier Mahu.
La vie des uns et des autres a changé et, aujourd'hui, nombreux sont ceux qui sont engagés dans un nouveau combat, judiciaire celui-là.
Plus de la moitié des anciens salariés a intenté une action devant le conseil des prud'hommes pour remettre en cause les conditions du plan social. Par ailleurs, une bataille pour que leur soit reconnue une exposition à l'amiante et à d'autres produits dangereux est en cours. « C'est à cela que nous pensons maintenant. Nous pensons à notre vie et à notre combat pour gagner contre nos patrons. »
L'an prochain, un tel rassemblement verra-t-il encore le jour ? Didier Mahu s'interroge. « Qui vivra verra » dit-il, et puis il y a le blog « nexans14-18 » qui a enregistré près de 60 000 visites en un an et demi, soit plus de 70 visiteurs par mois. Comme quoi, la majorité de ceux qui n'était pas là samedi, n'a pas oublié, et c'est dans l'ombre qu'ils préfèrent vivre et se souvenir d'une époque et d'un combat passés.
Samuel PARGNEAUX